Égypte, 1922. Une expédition du British Museum s'achève par la fuite de la momie du prêtre renégat Imhotep, réveillée par l'irresponsabilité de l'assistant du professeur Whemple. Dix ans plus tard, Imhotep reste introuvable. Malgré que son assistant ait fini ses jours dans un asile d'aliénés, Whemple pense que la momie a été dérobée. La nouvelle expédition en Égypte, menée par le fils Whemple, va mettre à jour le tombeau de la princesse Anck-es-en-Amon, dont la lointaine mort fut à l'origine de la condamnation d'Imhotep. Chose singulière, le tombeau fut indiqué aux scientifiques par un étrange vieil homme égyptien, Ardath Bay... Whemple, son père et un collègue ne mettront pas beaucoup de temps à découvrir que Ardath Bay est Imhotep, et qu'il projette de redonner vie à sa fiancée en utilisant le corps de sa descendante, Helen Grosvenor.
L’Universal imagine en 1932 de sacraliser le mythe de La Momie, tout comme elle l’avait fait un an auparavant pour Dracula et Frankenstein. John L. Balderston, déjà responsable du scénario du Dracula de Tod Browning, rédige en effet celui de La Momie (The Mummy) d’après un argument de Nina Wilcox Putman et Richard Chayer. L’intrigue, d’une simplicité rare, met l’accent sur la malédiction envers les profanateurs (la découverte du tombeau de Toutankhamon remonte justement à une dizaine d’années), la résurrection de la momie, bien sûr, et aussi la survie d’un amour assez fort pour traverser les siècles.
Mais The Mummy privilégie surtout l’image, et le choix de Karl Freund à la réalisation, déjà directeur de la photographie sur maints films et non des moindres (Metropolis, Dracula, Le Crime de la Rue Morgue), n’est sans doute pas innocent de la part des responsables du studio. Les dialogues interviennent peu et pour le strict nécessaire (il suffit de comparer avec les précédents et bavards, Dracula et Frankenstein, à la photographie tout aussi exemplaire, ceci dit). La caméra glisse en de lents travellings, ouvre sur de véritables tableaux décoratifs, joue du contraste entre l’ombre et la lumière en virtuose et accompagne le récit avec un naturel étonnant pour l’époque. Notamment quand les yeux de Boris Karloff s’illuminent soudain par un simple travail d’éclairage ou lorsque la momie se désagrège littéralement dans la séquence finale.
Ceux qui connaissent surtout ce thème à travers ses nombreuses adaptations ultérieures seront certainement surpris de découvrir l’originalité principale de ce film fondateur. En effet, Boris Karloff/Im-Ho-Tep n’apparaît pratiquement pas couvert de ses bandelettes, mais compose au contraire, sitôt passée la première scène de la résurrection, le personnage de Ardath Bey. Un homme énigmatique, au ton doucereux, au visage parcheminé. Sa force de persuasion et ses pouvoirs psychiques servent son sinistre projet : faire renaître à la vie éternelle l’ancienne vestale pour l’amour de laquelle il fut enterré vivant 3700 ans plus tôt.
The Mummy exploite à la fois cette pseudo malédiction des pharaons évoquée à propos de la disparition d’une vingtaine de personnes ayant travaillé sur (ou après) la découverte du tombeau de Toutankhamon, ainsi que la popularité d’un Boris Karloff consacré vedette de l’horreur après ses prestations sur Frankenstein, The Old Dark House et le tout récent Masque d’Or où il incarnait le sinistre Dr. Fu Manchu.
Bonus : Commentaire audio de Paul M. Jensen (Historien de cinéma), Documentaire : Momie Adorée (30m), Galerie de photos et posters, Bande annonce
samedi 10 avril 2010
LA MOMIE - DVD - 6,90 €
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